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3D-Side : l’entreprise qui imprime des os

(c) J. Van Belle - WBI

En santé, cette société wallonne est à la pointe de la technologie ! En reproduisant des parties du corps à soigner en 3D, elle permet à des chirurgiens de traiter des tumeurs osseuses avec un maximum d’efficacité au moment de l’intervention. 

 

Deux hommes changent le quotidien de centaines de patients actuellement en Belgique : Khanh Tran Duy et Laurent Paul, Co-CEO de la société 3D-Side. Eux et leur équipe de quatre employés donnent de nouvelles perspectives aux chirurgiens qui enlèvent des tumeurs osseuses, et aux autres, qui interviennent au niveau de la boîte crânienne après de terribles accidents. Leur société commercialise des implants en trois dimensions pour le bien-être des patients. 

 

Leur atout principal est sans conteste leur imprimante 3D de haute précision. « Nous avons comme produits principaux actuellement : les résections tumorales, les implants crâniens et le traitement de fractures » rappelle Laurent Paul. Leur innovation est tellement à la pointe qu’ils ont déjà pu se permettre une levée de fond d’un million d’euros pour poursuivre leur recherche et mieux la faire connaître. Ils ont  compté sur Vives, un fonds privé de capital d’amorçage et d’investissement à risque qui soutient particulièrement les projets portés vers l’éco-innovation, et sur l’incubateur wallon des sciences du vivant (WBC incubator) ainsi que Nivelinvest, Novallia, le SPW (DGO6).

 

Limiter les récidives grâce à la précision du travail 

3D-Side a vu le jour à la suite de la fusion de deux SPRL lancées par deux doctorants ingénieurs de l’UCL : CenTIS par Khanh Tran Duy, et Visyos par Laurent Paul. Cette union débouche aujourd’hui sur une nouvelle entreprise installée dans 250m² de bâtiments loués à Louvain-la-Neuve. « Tout est produit, ici, dans nos bâtiments. L’un de nos principaux atouts est d’avoir analysé le marché et d’avoir créé un produit différent en réduisant le temps de fabrication des gabarits et des implants et en misant sur des matériaux plus adaptés et malléables (différents du titane ou d’autres encore souvent utilisé actuellement). Les structures réalisées sont plus résistantes et coûtent moins chers. A présent, surtout, nous créons nous-mêmes les gabarits, ce qui nous fait gagner du temps de production. Un élément vital pour les chirurgiens qui doivent pouvoir opérer sans délai avec un matériel très précis. »  précise Laurent Paul.

 

A titre d’exemple, pour les tumeurs osseuses, le découpage peut, grâce à un guide spécialement adapté à chaque patient, se faire avec une précision inférieure à 3 mm, contrairement à 10 mm pour une opération à la main. « Notre volonté est réellement  de limiter la récidive grâce à la précision de la découpe. On ne sera jamais à 0%... mais actuellement on diminue le risque de récidive et on le fait passer de 30 à 10-12%. Ce pourcentage-là n’est pas lié nécessairement à l’os opéré, cela peut en effet provenir de résidus de tissus. Evidemment, nous travaillons actuellement sur des études avec une surveillance sur 5 ans. »

 

Tant les adultes que les enfants

Les chirurgies osseuses ou tumorales sont souvent très compliquées. 3D-SIDE, sur base d’images scanner et IRM reproduites en 3D, est capable de fabriquer des instruments et des modèles osseux affinés en salle d’opération pour donner au chirurgien le maximum d’efficacité au moment de l’intervention. « Lorsqu’on reçoit l’image du chirurgien, la pièce est conçue virtuellement jusqu’à ce qu’elle soit exactement conforme à la demande, puis elle est fabriquée. Ces instruments permettent un transfert fiable du planning préopératoire au sein-même de la salle d’opération, augmentant ainsi la qualité́ des soins et réduisant le temps d’opération. » 

 

Le chirurgien, après la validation de la partie de l’os recomposée, reçoit le moule biocompatible de l’os et les instruments pour l’opération adaptée au patient. Ces derniers sont stérilisés sur le site hospitalier. « Aujourd’hui, nos solutions techniques sont utilisées tant pour les adultes que pour les enfants qui sont touchés par des tumeurs au niveau des os, ou encore des malformations congénitales au niveau de la hanche pour les jeunes filles. En Belgique, nous travaillons avec l’hôpital Saint-Luc, qui possède une grande expertise avec nos produits, mais aussi avec d’autres hôpitaux évidemment » ajoute Laurent Paul.

 

Les implants crâniens, déployés en neurochirurgie pour aider le chirurgien à combler l’absence de matière, sont l’autre atout majeur de cette jeune entreprise. « Front, crâne, nous avons actuellement 98% du marché. Nous avons déjà traité 25 cas du côté francophone et notre premier cas en Flandre est en cours. »

 

Ils viennent d’ailleurs de déposer une demande de brevet européen pour leur technique de crânioplastie. 

 

L’exportation...l’Inde très intéressée ! 

De nombreux pays européens comme la France suivent cette technologie notamment parce qu’en améliorant les résultats post-opératoires, on diminue les éventuelles reprises de la maladie et donc à terme les coûts de soins de santé pour le budget de l’Etat. « C’est réellement un de nos atouts : notre produit coûte moins cher et surtout il réduit les risques de rechutes. On peut travailler partout en Europe (certification des produits commune) mais il faut à chaque fois trouver un accord avec la sécurité́ sociale de chaque pays. C’est déjà fait en Belgique. Actuellement, nous sommes en discussion avec des chirurgiens en Inde qui sont intéressés par notre produit. » D’autres pays viendront sans conteste frapper à leur porte dans les mois qui viennent !

 

Vincent Liévin 

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