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Alors que le port du masque se généralise aux quatre coins du monde, la question de leur décontamination est donc de leur réutilisation est sur toutes les lèvres. Le centre de recherche montois, Materia Nova, propose un traitement plasma dont l’appareil ressemble à un micro-onde classique. Cette technique s’ajoute à celles de la chaleur sèche (AMB Ecosteryl), les UV (Lasea) ou le peroxyde d’hydrogène (ULiège). L’occasion de faire le point sur ces techniques de stérilisation dont les premiers résultats sont prometteurs.

Dès le début du confinement, la Wallonie a souhaité mettre en place, parallèlement à la filière de production de masques (chirurgicaux et de type FFP2/3), une filière de décontamination afin que le personnel des hôpitaux et des maisons de repos et de soins puisse réutiliser ces masques, évitant les risques de rupture d’approvisionnement. C’est l’Université de Liège qui coordonne le projet qui réunit un consortium d’entreprises wallonnes spécialisées dans la stérilisation et le recyclage des déchets médicaux et deux centres de recherche, Materia Nova et CentexBel.

Issu de l’Université de Mons, Materia Nova, est un centre de recherche et de développement spécialisé dans l’élaboration de matériaux innovants. Thomas Godfroid, coordinateur scientifique explique leur traitement novateur : "Le principe, c’est qu’on va utiliser un gaz, de l’air dans ce cas-ci, qui va être activé dans une décharge plasma. La technique consiste donc à faire passer un courant électrique dans un gaz pour casser les molécules qui vont aller attaquer les agents pathogènes comme les virus ou les bactéries qui se trouvent sur la surface du masque". En une minute, le masque est débarrassé des résidus du COVID19 et enfermé dans un sac hermétique.

Le produit s’adresse aux structures de soins et devrait être disponible dans le courant de ce mois de mai. "Notre cible, ce sont les hôpitaux et maisons de repos", précise Thomas Godfroid à la RTBF, "on s'est concentrés sur de plus petits appareils pour réaliser du traitement de décontamination à la demande plutôt qu’une démarche plus massive."

« C’est un projet essentiel vu l’urgence et la pénurie actuelle de masques. Et c’est important aussi compte tenu de la multiplication par trois aujourd’hui du prix du masque chirurgical ou de protection respiratoire. Pour chaque patient en unité Covid, le personnel hospitalier utilise 40 à 50 masques par jour. Ce sont des millions de masques supplémentaires qui sont nécessaires pour gérer cette crise sanitaire ! », explique Éric Haubruge, Conseiller en charge de l’innovation, du développement régional et des relations internationales à l’Université de Liège (ULiège) et coordinateur du projet.

En sus du traitement par plasma développé par Materia Nova, les tests en cours étudient également l’efficacité des techniques suivantes :

  • Le traitement par peroxyde d’hydrogène avec le CHU de Liège
  • L’irradiation UV avec Lasea, spin-off de l’ULiège spécialiste du laser haute précision 
  • Le traitement par chaleur sèche, avec AMB-Ecosteryl, une entreprise montoise leader mondial dans le traitement des déchets hospitaliers 
  • Le traitement par oxyde d’éthylène, avec Sterigenics Belgium, entreprise basée à Fleurus et à Petit-Rechain qui fournit aux industries des dispositifs médicaux et à la pharmacie des solutions de stérilisation en utilisant le traitement par oxyde d’éthylène.

Également partenaire du projet, Centexbel, le centre scientifique et technique de l’industrie belge du textile situé à Grâce-Hollogne, réalise les tests d’intégrité des masques. « Les méthodes démontrent qu’elles éliminent correctement la charge microbienne. Les essais chez Centexbel sur la fonction « barrière » sont très bons », précise Éric Haubruge. Ces résultats très positifs vont permettre désormais aux établissements de soins de mettre en place en leur sein un protocole d’utilisation de ces méthodes. « Nos résultats vont également entrer dans une large étude internationale coordonnée par l’OMS et dont l’ULiège est maintenant partie prenante », se réjouit le Pr Éric Haubruge.

En marge de ces projets, d’autres initiatives naissent également, comme celle portée par les entreprises wallonnes, SalamanderU (Marche), spécialisée dans les unités de confinement, et Solidfog (Ciney) qui développe des systèmes de stérilisation par brumisation de peroxyde.

La combinaison de leurs compétences permet de mettre au point des mini-salles de décontamination pouvant stériliser entièrement jusqu’à 1000 masques par jour pour un coût estimé à 60 centimes (un masque neuf coûte près de 5 euros actuellement). Des études sont encore en cours pour le nombre de cycles d’utilisation possible sans que le masque perde ses propriétés.

Masque en phase de décontamination par plasma ©Materia Nova

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