
A l’occasion de l’Expo 2025 d’Osaka, la Wallonie a mis l’accent sur le concept de jumeaux numériques pour développer sa scénographie. Mais qu’est-ce que le concept de jumeaux numériques ? Le professeur Benoît Macq nous explique ce concept de médecine du futur.
L’Expo 2025 d’Osaka, qui se tient du 13 avril au 13 octobre 2025, a pour thème « Concevoir la société future pour nos vies », une réflexion sur les défis globaux et les solutions pour un avenir meilleur. La Belgique, via son pavillon national, y développe l’axe « Human Regeneration ». Pour illustrer ce sujet, les créateurs se sont inspirés du concept japonais du Kintsugi, une méthode japonaise de réparation des porcelaines ou céramiques brisées au moyen de laque saupoudrée de poudre d’or, lui conférant ainsi une beauté qui lui est unique et qui parle de son histoire. Cette approche poétique, inspirée du concept japonais Kintsugi, incarne la capacité à renaître, à se reconstruire et met en lumière l’excellence belge dans le domaine des sciences du vivant et de la santé.
Dans ce cadre, la Wallonie consacre son espace scénographique à l’intelligence artificielle au service de la santé, avec un accent particulier sur les jumeaux numériques. Mais qu’est-ce qu’un jumeau numérique ? « L’idée est que nous sommes tous un peu les mêmes et nous sommes tous différents. La première différence est que nous avons tous un génome qui est particulier. Nos génomes se ressemblent très fortement car dans l’ADN, il est programmé, dès le stade de l’embryon, qu’il y a un cerveau, des yeux, un nez, une bouche, etc. C’est un programme qui va faire qui on est et qui est commun à chacun des humains. Mais en même temps, on a quelque chose de particulier. Certains sont chauves, d’autres ont des cheveux. Certains ont les yeux bleus, d’autres ont les yeux bruns. Chaque individu est le même mais complètement différent en même temps. On capte comment cette différence ? Par le génome de la personne mais aussi par un certain nombre d’autres caractéristiques comme la façon dont son corps est exposé au monde extérieur. Chaque humain est unique et on va pouvoir faire une médecine particulière sur lui, donc on va pouvoir prédire ce qui pourrait lui arriver. Si elle a un risque d’avoir un cancer du sein, on va faire des mammographies plus jeunes de façon régulière pour détecter le cancer le plus tôt possible et le soigner de la meilleure des façons. C’est ce qu’on appelle la médecine prédictive. C’est un premier P. », explique Benoît Macq, professeur à l’Université Catholique de Louvain et spécialisé dans le traitement des images. Son laboratoire a participé à la création d’une dizaine de sociétés spin-offs.
« Il y a un deuxième P qui est la personnalisation. Si quelqu’un est malade et qu’on a une copie numérique de cet humain, on peut faire un traitement qui est différent d’une autre personne. Pour certaines personnes, on va faire de la radiothérapie, pour d’autres, on va combiner radiothérapie et immunothérapie. Pour d’autres, ce sera de la chimio et de la chirurgie. Je parle du cancer mais je pourrais parler de maladies neurodégénérative, de santé mentale, de l’addiction à l’alcool, etc. Ce sont toutes des maladies qu’on peut soigner de façon très personnalisée si on comprend bien le profil de la personne. Si on comprend bien qui on est et si on a une copie numérique de soi-même, on peut faire de la médecine préventive et participative, c’est-à-dire je gère ma maladie et j’évite même la maladie parce que je sais que j’ai des points faibles et donc je n’expose pas mon corps à ces faiblesses » poursuit Benoît Macq.
« Le but du jumeau numérique est de représenter de façon unique et personnalisée un individu en captant des données sur cet individu afin de pratiquer cette fameuse médecine des 4P : prédiction (dépister), personnaliser le traitement, participation du patient et éviter d’être patient avec la prévention », ajoute notre interlocuteur.
C’est sur ce principe des jumeaux numériques que la scénographie a été développée. « On rentre dans la scène, on voit tous des humains qui sont les mêmes, ils sont tous non différenciés. Et puis, il y a des datas qui arrivent. Ces données arrivent sur chacun des humains et c’est ce qui les rend différents. Et puis chaque humain devient sa copie numérique quelque part », précise Benoît Macq.
A l’heure actuelle, le jumeau numérique d’un corps complet n’existe pas encore. Mais plusieurs entreprises en Wallonie ont déjà travaillé, avec l’aide de l’intelligence artificielle, sur le jumeau numérique d’une partie du corps humain, un organe ou encore une maladie. « En région wallonne, il y a une grosse activité qui tourne autour de la pharma avec le développement des médicaments. Mais nous sommes de plus en plus à travailler sur des modèles de jumeaux numériques pour mettre au point des médicaments afin de déterminer quelles personnes vont répondre au médicament et celles qui ne vont pas répondre. Cela permet de tester des tas de molécules avec moins de petits animaux et de gagner du temps », explique le professeur de l’UCLouvain.
Trois conférences à Osaka
Lors de la semaine Wallonie-Bruxelles, trois demi-journées seront consacrées à mettre en lumière le savoir-faire scientifique et technologique de la région wallonne dans le domaine de la santé numérique et de l’intelligence artificielle appliquée aux soins. L’objectif est de favoriser les collaborations internationales et d’illustrer le potentiel des technologies émergentes.
« Le premier volet concerne les nouvelles façons de faire du dépistage et des tests cliniques pour les médicaments. Le deuxième volet concerne le bien vieillir à travers les technologies et le suivi des personnes âgées. Le troisième volet concerne la société robotisée centrée sur les humains avec tout ce qui est intelligence artificielle et jumeau numérique », précise Benoît Macq qui prendra part à ces trois demi-journées. « Ce ne sera pas uniquement des exposés mais des moments de co-création afin de travailler sur des partenariats potentiels », conclut Benoît Macq.
Un beau programme à destination des entreprises, universités et centres de recherche wallons et japonais.
Isabelle Anneet (AWEX)
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