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Une décarbonation qui unit les citoyens

© Karno Energy
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Le défi énergétique, pour de nombreux particuliers, entreprises et institutions publiques, est au cœur de l’actualité. « Aujourd’hui, 80 % de l’énergie thermique produite en Belgique est encore issue d’énergie fossile (gaz et mazout), contrairement à d’autres pays européens, comme la Suède, les Pays-Bas ou le Danemark. En France, près de 18 % de l’énergie thermique transite au travers de réseaux de chaleur, et plus de 54 % de cette énergie est renouvelable ». La phrase est claire. Sans détour.

Grégory Meys est cofondateur de Karno Energy. Cet ingénieur civil spécialisé en énergie a travaillé plusieurs années dans le secteur. Aujourd’hui, constatant l’importance d’innover pour prétendre à une réelle transition énergétique, il s’est associé avec Arnaud Latiers, cofondateur et aussi ingénieur civil en énergie, pour aider la Belgique à ne plus être à la traîne en matière de réseaux de chaleur. « En quatre ans, 25 projets sont en cours de développement, près d’une dizaine sont opérationnels. Notre expérience, nos modèles de développement et la qualité de notre travail en Belgique sont à présent reconnus au niveau européen (actuellement, il existe déjà des projets au Luxembourg et en France notamment, ndlr) ».

À l’université et vers le monde

Un savoir qui s’enrichit aussi de collaborations avec les universités : « Nous travaillons sur des projets avec des universités comme l’UCLouvain, l’UMONS et la VUB ».

Ils ont retroussé leurs manches pour un défi central aux niveaux européen, belge et wallon afin de se conformer aux objectifs de la Stratégie chaleur et du Plan Air Climat Energie 2030 de la Région. Ce plan entend réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre, doubler les énergies renouvelables d’ici à 2030, améliorer la qualité de l’air et à réduire la précarité énergétique. Le développement des réseaux de chaleur décarbonée s’aligne en tout point à cette stratégie.

En quoi cela consiste-t-il ?

Les réseaux de chaleur de Karno sont exclusivement alimentés par des énergies renouvelables locales. « L’intérêt est vraiment dans la mutualisation et le stockage, qui permettent à la fois de rendre accessibles des sources décarbonées locales, tout en optimisant la taille du système de production de chaleur. La centralisation et l’optimisation permettent de diminuer les coûts d’investissement et d’utilisation. En tant que développeur, gestionnaire et opérateur de réseaux de chaleur, nous offrons des solutions 360°, adaptées à chaque situation et dans le respect du cadre légal strict. En fonction de chaque projet et de son environnement, les meilleures sources d’énergies renouvelables sont mises en œuvre : récupération de chaleur fatale, géothermique, aquathermique, solaire, biomasse, biogaz ».

Des processus adaptés

La société s’est investie dans plusieurs processus. Par exemple : « La géothermie est une source d’énergie renouvelable qui repose sur l’exploitation de la chaleur naturellement présente dans le sous-sol. Dans le cadre des réseaux de chaleur, la géothermie permet de capter cette chaleur via des forages peu profonds ou profonds, puis de la distribuer à travers un réseau hydraulique. Cette technologie présente l’avantage d’être disponible localement, stable toute l’année et faiblement émettrice de gaz à effet de serre. En mobilisant cette ressource durable, il est possible de réduire fortement la dépendance aux énergies fossiles, tout en garantissant une fourniture énergétique continue et maîtrisée ».

Pour sa part, la chaleur fatale est une énergie thermique produite de manière inévitable lors de processus industriels ou autres activités humaines, mais qui n’est pas exploitée et est généralement dissipée dans l’environnement. « Cette chaleur perdue peut provenir de diverses sources, telles que les centrales électriques, les usines métallurgiques, les incinérateurs de déchets ou même les centres de données informatiques. Cette chaleur perdue est considérée comme un déchet, mais nous la récupérons pour la revaloriser au travers d'un réseau de chaleur ».

Un travail sur mesure et un suivi à long terme

La volonté est claire : « Décarboner la consommation de chaleur et accompagner les citoyens, les promoteurs immobiliers, les secteurs public et tertiaire et les industries vers un changement durable en offrant des solutions adéquates et clé en main aux clients, de A à Z dans leurs projets. Nous tenons à être des acteurs du changement, nous élaborons des réseaux d’énergie thermique pour décarboner la consommation de chaleur. Le développement de ces réseaux d’énergie est une étape incontournable de la transition énergétique. Nous accompagnons tous nos clients qui souhaitent participer activement à cette transition et souhaitent construire une solution valorisable et tournée vers l’avenir ».

Les équipes de Karno prennent en charge la conception du réseau, sa construction et la connexion auprès des différents consommateurs finaux. « Nous l’assurons et gérons l’intégrité financière durant toute sa durée de vie. Nous réalisons l’opération, la maintenance et l’optimisation du réseau de chaleur en exploitation. Les projets sont nombreux et peuvent concerner des propriétaires fonciers, des promoteurs immobiliers, l’industrie, le secteur tertiaire ou une entité publique : un écoquartier, un bien neuf, une rénovation lourde ou une extension de quartier ou de propriété, une chaleur circulaire pour un bâtiment industriel ou un zoning industriel ».

Par ailleurs, ces projets peuvent intéresser des industries qui produisent un excédent de chaleur ou de froid qui peut être valorisé, ou qui souhaitent participer à la transition énergétique en étant producteur de chaleur fatale pour d’autres bâtiments connectés à un réseau de chaleur.

En développant des réseaux de chaleur zéro carbone, « Karno Energy se veut indispensable à l’évolution de notre société. Le côté mutuel des projets est intéressant parce qu'on ne consomme pas toutes et tous de la même manière au même moment. Par exemple, si vous connectez une école avec un quartier résidentiel, l'école va consommer du chaud pour sa chaleur en journée, mais pas le quartier résidentiel, où les habitants a priori travaillent. Par contre, le matin, le soir et le week-end (moment où l'école va avoir tendance à ne rien consommer), le quartier résidentiel va consommer beaucoup ».

Un rôle d’impétrant

Étapes de travaux, ouverture des voiries, pose de tuyaux… « Nous sommes des impétrants. Nous passons par la voie publique pour connecter ensemble des bâtiments. Nous gérons le réseau ad vitam aeternam, son évolution et sa croissance au travers des quartiers et des villes, disponible à tout consommateur, public ou privé, résidentiel, industriel ou tertiaire, qui souhaite se connecter… Tout cela dans un cadre régulatoire, respectant les directives européennes et les législations régionales ».

Un potentiel important

La société est en pleine croissance et, surtout, le potentiel est conséquent : « Quand vous regardez une ville comme Bruxelles, il devrait y avoir un réseau de chaleur sur quasiment 70% du territoire, tellement la densité urbanistique est dense et mixte au niveau du profil des consommateurs ».

Chaque cœur de ville est un potentiel pour le développement d’un réseau de chaleur décarbonée afin de rendre accessible une chaleur verte au plus grand nombre.

Comment peut naître un projet ? 

« Chaque consommateur d’énergie thermique est un germe potentiel de réseau. Nous analysons alors le contexte du projet et la densité urbanistique, convainquons d’autres consommateurs de sa faisabilité, identifions le sourcing d’énergie adéquat et le système de distribution à mettre en place. Nous récoltons les informations techniques nécessaires pour la suite. En fonction de toutes les données récoltées, nous établissons le budget. Les coûts de raccordement et les gains opérationnels sont présentés et validés par les consommateurs avant de passer à la phase de réalisation et de mise en service ».

Contact : contact@karno.energy

Quelques projets

  • Bruxelles : Développement d’un réseau de chaleur urbain dans le quartier nord de Bruxelles. Trois bâtiments de bureaux et deux bâtiments résidentiels. Un projet de géothermie fermée et riothermie mixant bâtiments tertiaires et logements sociaux.
  • Jodoigne : Développement d’un réseau de chaleur urbain dans un quartier neuf de 141 logements. Un projet de géothermie fermée.
  • Anderlecht : Un réseau alimenté par un système géothermique distribuant de la chaleur à 160 logements et commerces.
  • Nivelles : Parcs d’activité économique Nord et Est. La ville, l’intercommunale et la société Karno Energy s’associent dans un projet de développement de réseau de chaleur décarbonée.
  • Liège : Déploiement d’un réseau de chaleur urbain sur le site du MontLégia. Ce réseau alimente des bâtiments industriels, tertiaires et résidentiels par de la géothermie et de la récupération de chaleur fatale.
  • Fleurus : Ce réseau alimente des bâtiments communaux, des maisons existantes et un nouveau quartier résidentiel d’une trentaine de maisons et 112 appartements, alimentés par de l’énergie renouvelable produite localement depuis une centrale de biométhanisation.

Cet article a été écrit par Vincent Liévin dans le cadre de la Revue W+B n°169, éditée par Wallonie-Bruxelles International.

Grégory Meys et Arnaud Latiers, cofondateurs de Karno Energy
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