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Art Maker, le faiseur de lumière

Découvrez le portrait, entre ombre et lumière, d'Yves Dejardin, créateur de luminaires made in Belgium.

Votre premier métier, c'est graphiste. Avant de lancer Art Maker, vous avez exercé cette activité, ainsi que plusieurs autres. S'agissait-il d'une quête personnelle ?

Quand on y pense, mon parcours est relativement cohérent. Je suis diplômé de l'académie des Beaux-Arts de Liège. J'ai d'abord été graphiste web dans une agence média. J'ai aussi été commercial pour le géant Sony, en charge de la promotion des jeux vidéo. Et puis, j'ai eu 40 ans. Une sorte de cap décisif qui m'a poussé à amorcer une réflexion sur ce que je voulais vraiment faire de ma vie. Mes parents avaient tous les deux un bagage artistique. Mon père est un amoureux de l'artisanat. Je suppose qu'on peut donc parler d'une sorte de retour aux sources.

Le premier luminaire que vous avez créé sous le label Art Maker est composé de quarante pales de bois.

C'est en effet assez symbolique. Les rayons traduisent ma volonté de changer de vie. Juste après, j'ai créé le Double Maxime dont le design découle évidemment du modèle original. J'aime travailler sur les calculs mathématiques, les chiffres. Florentin, la dernière suspension que j'ai imaginée, est un jeu autour de la taille des pales qui la composent.

Le résultat n'en reste pas moins organique et harmonieux. Le bois est d'ailleurs omniprésent dans votre travail.

J'utilise de l'afzelia, du tek, du wengé et du bambou, quatre essences de bois exotiques résistantes aux changements de température. Plus récemment, j'ai introduit le noyer du Périgord qui offre davantage de nuances et s'accorde très bien avec le mobilier contemporain. Tout, à l'exception des éléments électriques, est en bois et chevillé au lieu d'être cloué. Nos luminaires – environ 80 pièces par mois – sont réalisés à la main dans mon atelier situé dans les hauteurs de Liège.

Et ce nom, Art Maker, à quoi fait-il référence ?

Lorsque je me suis lancé dans ce projet, il y a cinq ans, j'avais réalisé quelques prototypes à partir de pièces produites à l'aide d'une imprimante 3D. C'est cette machine qui a inspiré le nom de la marque, un clin d'œil aux makers. Actuellement, la 3D ne joue plus aucun rôle dans mon travail. Les treize modèles de notre assortiment actuel sont tous de purs produits artisanaux.

Et cette magie qui émane de chacune de vos pièces, comment l'expliquez-vous ?

Je pense que les jeux d'ombres et de lumières qui se dégagent d'un luminaire comme Ingrid, une pièce ovoïde qui peut être déclinée en une, deux ou trois essences de bois, ou de l'applique Christel, un hommage à la nature, créent tout naturellement un supplément d'âme dans un intérieur. Ces pièces parlent d'elles-mêmes.

Et leurs noms, qu'évoquent-ils ?

Le nom de chaque luminaire est une évocation au saint du jour où il a été créé, tout simplement.

La production locale a le vent en poupe. Pour vous, cette approche artisanale est un leitmotiv ou pourriez-vous envisager d'industrialiser votre processus ?

À un certain point de mon développement, j'ai été sur le point de le faire. Lorsque le succès se fait sentir, il est tentant de se laisser porter par lui, de multiplier les points de vente, voire de s'associer à de plus gros joueurs. D'autant que j'ai eu des propositions qui allaient dans ce sens. J'ai finalement décidé de ne pas industrialiser ma production. Je préfère grandir à mon rythme en capitalisant sur le marché belge et français. Dans un premier temps, en tous cas. Pour l'exportation, je travaille en collaboration avec des commerciaux indépendants.

Hormis la création de nouvelles pièces, qu'est-ce qui vous fait vibrer au quotidien ?

J'ai la chance d'avoir pu réaliser des pièces de formats assez imposants pour des lieux d'exception comme le château de Modave, en région liégeoise ou encore des photophores pour la nouvelle décoration du restaurant bon.bon. à Bruxelles. Tout récemment, j'ai imaginé des Double Maxime en blanc pour le nouveau restaurant spadois Barisart. Ce genre de projets permet de booster ma créativité et de ne pas me lasser. À terme, je voudrais d'ailleurs pouvoir consacrer l'essentiel de mon temps à la création.

Par Marie Honnay

 

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